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Tout et rien

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Traducción al francés de Todo y nada, nota de tapa de la MU 101. Sur un territoire où se rencontrent trois frontières, on ne trouvent, sans être enregistrés, qu’un seul policier et un seul médecin. Sur décision de la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme (CIDH), l’État Argentin dû reconnaître la propriété commune des terres wichis et criollos. Abandonnés et forcés à vivre sans rien, on entendit parler d’eux lorsque huit criollos furent accusés d’avoir violé une fille wichi handicapée. Pour la première fois, ils font entendre leur voix.

  1. Ici, se trouve la fin de tout. Nous sommes à la frontière nord, à la limite de l’imagination. Pourtant, c’est une pure réalité. La dernière route se trouve à 65 kilomètres et le bus oscille au rythme de la terre aride, croise de maigres lits de rivières et passe au milieu de bœufs affamés. Cette traversée dure six heures et son prix, élevé, en empêche l’accès à plus d’un. En conséquent le bus est quasiment vide, bien qu’il se dirige vers un village de 4500 habitants, toujours argentins. Je ne sais pas si c’est un voyage vers le passé ou le futur, mais c’est ainsi qu’est le présent : avec des traces des deux de toute part, en attirant même notre confusion.

Nous arrivons.
Nous sommes au Paraje Alto de la Sierra, triple frontière internationale et provinciale, village où une petite fille wichi, handicapée, fut violée par huit criollos.
Ce n’est pas uniquement cette histoire que je vais raconter.
C’est quelque chose de pire.
Je vais raconter l’histoire de tout ce qui peut se voir dans cette zone atroce.

  1. Tout d’abord, voyons où nous sommes. L’anthropologue John Palmer règle le GPS pour arriver à Alto la Sierra. Nous sommes à Tartagal, à 350 kilomètres de notre destination et à la seule table occupée du seul restaurant ouvert. Palmer nettoie de sa main la naRomerrelée rouge et blanc. Ce dernier décrit l’histoire de cet endroit comme vide. Dans les années 1910, arril’Églisees premiers pasteurs anglicans, anglais comme lui. Ils arrivèrent avec un Bible traduite en wichi. La relation entre les deux peuples fut intense – en 1975, l’Église anglicane nomma le premier évêque wichi – mais courte : elle prit fin en 1982 avec la guerre des Malouines. Les prêtres furent menacés par un certain Commandant, Antonio Rivero. En conséquent, environ 60 britanniques s’échapèrent en Bolivie en passant par cette frontière. Quand ils purent revenir, ils se retrouvèrent face à une communauté qui avait maintenu sa foi et son institution. Aujourd’hui, les caciques se disent toujours anglicans. En réalité, qu’est-ce que nous explique Palmer ? Premièrement, que nous nous dirigeons vers le dernier endroit d’Argentine apprivoisé par l’Occident. Ce n’est pas rien. Ensuite, qu’il s’agit d’une communauté qui embrassa une croyance « civilisatrice », plus respectueuse envers la diversité que la religion catholique.
  2. Vingt ans de batailles physiques et juridiques – y compris une condamnation de l’État Argentin par la CIDH – qui se terminèrent par un acte signé à deux reprises. Il fut signé une première fois, le 17 octobre 2007, par le gouverneur de l’époque Juan Carlos Romero, le conseiller des caciques de l’organisation wichi Lhaka Honhat, l’Organisation des Familles Criolles, l’Eglise anglicane de l’Argentine du Nord et l’OIT. Cet acte fut signé une seconde fois en janvier 2014 par l’actuel gouverneur Juan Manuel Urtubey ainsi que l’ancienne ministre Alicia Kirchner. Ainsi, la province de Salta déclara formellement 450 milles hectares propriété communautaire du peuple wichi habitant à Alto de Sierra. D’autres 253 milles hectares furent cédés aux criollos vivant là bas. Chaque territoire fut ainsi délimité. Cependant, la communauté doit établir quels wichis et criollos se localisent dans chaque zone. Qu’est ce que cela signifie ? Nous allons voir.
  3. Le 28 novembre dernier, une fille wichi fut violée par huit hommes criollos. L’affaire parut six mois après, lorsque la fille dut être soumise à une césarienne d’urgence en raison de l’acéphalie de son bébé. Le peu de passagers se trouvant dans le bus savent que nous sommes ici pour ça. Il n’est pas facile de distinguer les wichis des criollos.

Je demande à la femme à côté de moi comment arriver à la maison de l’évêque Asencio Pérez, porte d’entrée sur la communauté selon Palmer. « C’est elle la fille – signale la personne sur le siège d’en face –. Et moi je suis la mère de l’un des détenus ».

  1. Voici à quoi ressemble la terre où l’identité d’une enfant fut transformée jusqu’à aujourd’hui être considérée comme « La Wichi violée ». Pour arriver à la communauté, nous devons longer un étang. La frontière est marquée par l’hôpital et l’école. L’évêque Asencio vit au cœur du hameau. Il est malade. Ce jour là, il fut l’un des premiers à arriver. « Il était 9 heures du matin tout au plus. La jeune fille avait faim et s’en alla sur la colline manger les fruits du quebracho – arbre originaire d’Amérique du Sud. Deux autres filles, qui partirent acheter du pain, virent les criollos l’attraper. Ils les poursuivirent aussi, en vain. Lorsque la communauté l’apprit, nous fûmes tous ensemble à l’hôpital où nous vîmes les deux filles crier qu’elles les avaient vus. Ils avait bandé les yeux et la bouche de la pauvre enfant. Elle criait « I-ton-no, i-ton-no », traduit « ils m’ont traînée ».

L’anthropologue Palmer, témoin de la déclaration que la Wichi Violée fit quelques mois plus tard aux tribunaux de Tartagal, l’écouta répéter la même chose. Encore et encore. Ce fut la seule chose qu’elle dit.

  1. Monologue de l’évêque :

« J’aimerais que vous, premièrement, compreniez quelque chose : l’appel est toujours juste et nécessaire, toujours. Pourquoi ? Tout le monde sait que nous avons été exterminés, qu’on nous a tout pris. On est devenu sans papiers. Aujourd’hui, nous avons des papiers, nous sommes Argentins. Il y a des règles dans l’État Argentin et c’est pour cela que nous revendiquons les droits que nous avons mais que l’on ne nous donne pas. Par exemple, lors du cas de la petite fille violée, la justice ne fit pas son travail. Pourquoi ? Car elle fait partie du peuple indigène. Juste pour ça. Et c’est pour cela que nous faisons appel. À la justice et au monde. Il faut en finir. Ils jouent avec nous. Le tribunal s’est demandé s’il y avait eu viol. Comment peuvent-ils poser cette question ? Je suis évêque et je témoigne. J’ai parlé avec d’autres témoins qui m’ont dit l’avoir vu. Seulement, la justice n’a pas fait appel à ces témoignages. Pourquoi ? Car lorsque la nouvelle est sortie, ils l’expédièrent. Certains témoins sont mineurs et tous ne purent être entendus car ils ne parlent pas la même langue. Je me suis présenté pour les traduire, mais ma proposition fut refusée. Pourquoi ? Les filles ont témoigné. Cependant, ne parlant pas beaucoup de castillan et entourées par les forces de l’ordre, elles prirent peur. Les gens ont très peur de la police. Il faut que la justice l’entende, et qu’elle le comprenne. Avec cette agression sexuelle, nous réclamons justice. Le député Ramon Villa, après que nous l’y ayons poussé, présenta la situation. Vinrent également jusque ici les députés de la Commission des Droits de l’Homme. Nous réclamons la reconnaissance du viol mais également de toutes les autres injustices. Nous leur avons fait remarquer que lorsqu’un candidat politique fait campagne, il parle des droits à l’éducation, à la santé et à la sécurité. Mais où sont-ils ? Où est la sécurité ? La police ici ne comporte qu’un seul policier. Il n’a même pas de téléphone. Aujourd’hui avec cette histoire, ils nous ont fourni un téléphone. Mais nous en avions toujours demandé un sans jamais avoir eu de réponse positive. Une agression sexuelle et on en a un de suite. Pourquoi ? Car ils ont honte. Ils ont honte car cette histoire a été publiée par la presse. Et voilà l’injustice que nous vivons. La santé ? L’hôpital n’a qu’un seul médecin. Ce n’est pas possible. C’est un frère de Bolivie. Et comme vous le savez bien, un bolivien subit les mêmes discriminations que nous. Voici ce qu’il se passe. Regardez la communauté : nous avons l’électricité, un collège, un hôpital. Tout ça s’est gagné en se battant, tout ça est venu de nous même. Depuis des grèves de la faim sur la place de Salta, des recours à Buenos Aires et devant des juridictions internationales, en passant par les rejets, en refusant qu’ils nous divisent, nous sommes passés par tout ça. Nous ne faisons pas de discrimination. Nous sommes tous égaux ! Nous sommes des êtres humains. On peut très bien s’entendre en tant que tels. Cela est juste et nécessaire ».

  1. L’hôpital est constitué d’un spécialiste en nutrition et d’un médecin – Juan Carlos Limache Mamani – qui fait tout. Littéralement tout.

C’est son premier travail mais il n’a pas été enregistré.
C’est le premier que l’on appelle, il n’arrête pas.
Il a déjà fait trois déclarations pour attester de la violation de la fille. Le discréditer est une clé pour la défense des criollos, qui en use bien. Aujourd’hui, il aurait dû se présenter à nouveau devant les tribunaux de Tartagal, mais l’unique véhicule disponible, l’ambulance, ne fonctionne pas.
Le docteur Limache raconte qu’il fut accepté à l’université de Chuquisaca, que sa cousine suivit une spécialité à l’hôpital Garraham et que ce fut elle qui l’encouragea à se présenter pour le poste vacant à Alto la Sierra. Il a été jusque là bas pour l’obtenir. Quarante-huit heures après, il était déjà en charge tout. « La seule chose qu’ils me dirent fut : tu ne peux rien signer ». Cette restriction allait jusqu’à son contrat : il commença à travailler en septembre dernier sans papier formalisant ses responsabilités. Depuis, il travaille 16 heures par jour pour 22.500 pesos mensuels (environ 1365 euros). Il reçut son salaire de septembre en mai, lorsqu’il fut nommé « Médecin d’urgence en zone défavorable ». Les quatre autres mois ne lui ont toujours pas été payés.

  1. C’est ainsi que le Docteur Limache raconte le jour de l’horreur : « Quand on m’a averti qu’une petite fille gisait sur le sol, je me suis rendu sur place. Je demandai : que s’est-il passé ici ? Cette fille fut victime d’un abus sexuel. Je vis qu’elle allait mal, repliée sur elle-même, alors je l’amenai là bas. Je l’examinai et trouvai une déchirure périnéale, des aménorrhées (sang vaginal) et une douleur abdominale intense, que je ne pouvais arrêter. Je ne pouvais pas la laisser comme ça. Je lui administrai un analgésique. On m’informa alors que le médecin légal allait arriver. Je ne pus rien faire de plus. Si on ne m’avait pas dit que le médecin légal arriverait, j’aurais pu lui faire un test de grossesse, réaliser des prélèvements pour le laboratoire ainsi que des analyses. Mais tout ça m’échappa des mains ».

Le médecin légiste n’arriva jamais.
Quatre jours plus tard, à 5 heures du matin, un officier se rendit à la maison de la petite fille avec pour ordre de la transférer à Aguaray. Sa mère l’accompagna. Une fois là bas, deux médecins l’examinèrent.
Francisca, sa mère, me raconta ensuite qu’elle pouvait entendre les cris de sa fille depuis le couloir et qu’après une longue attente elle put enfin s’adresser à une doctoresse. Cette dernière lui affirma qu’il y avait eu viol. Pourtant, le médecin légiste informa le Docteur Limache du fait qu’il n’avait pu le constater. La petite fille s’était baignée, plusieurs jours avaient passé, il était devenu difficile de l’interroger. « Selon ses papiers elle a 12 ans, mais souffrant d’un retard de maturité, elle se comporte comme une enfant de 6 ans », nous expliqua le Docteur Limache.
C’est alors que les criollos, qui avaient été arrêtés pour l’agression, furent libérés avec l’obligation de se présenter chaque vendredi au poste de police d’Alto la Sierra. Il semblait que c’était tout ce que la communauté wichi pouvait espérer de la justice.
Des mois plus tard, le Docteur Limache reçut l’enfant. « Elle soufrait de gênes stomacales, sa mère craignait le pire. Nous le confirmions : elle était enceinte ». Je calculai qu’elle en était déjà à 20 semaines, ce qui était supérieur à la limite légale pour pratiquer un avortement. Nous ne pouvions plus que réaliser des contrôles de façon régulière.
Deux mois passèrent, et arriva l’inattendu : les médecins de la fondation Culture Native, créée par le chanteur folklore Jorge Rojas, arrivèrent à la communauté et s’installèrent à l’école afin de pratiquer des consultations. Jusque là, les consultations concernaient uniquement Francisca et sa fille.
Ils lui firent une échographie (le Docteur Limache disaient : « l’appareil était à l’hôpital mais je ne savais pas l’utiliser »).
Ils diagnostiquèrent un sérieux risque et ordonnèrent une césarienne d’urgence.
Ils diffusèrent tout ce que l’enfant avait supporté.
Avec la nouvelle transmise par les journaux nationaux, les choses s’accélérèrent. Un hélicoptère fut envoyé pour transférer la fille et sa mère à l’Hôpital de santé Maternelle et Infantile de Salta. Francisca raconta plus tard qu’on lui montra le fœtus mort. Il était entièrement formé, mais on pouvait voir une entaille au niveau de la bouche et de la tête.
Je répéta tout cela au Docteur Limache : la succession d’impuissance, précarité et lacunes. Je lui demandai si tout cela n’avait pas été monté de sorte à rendre impossible l’enquête concernant une plainte pour violence sexuelle. Il répondit sans le moindre doute : « Exactement. Et ici, elle n’est pas la seule dans ce cas. Il y en a d’autres. Depuis mon arrivée, je me suis occupé de soixante grossesses, dont beaucoup de petites filles et sans père. De plus si je leur demandais qui était le père, aucune ne voulait répondre. Elles ont peur. C’est une boîte de Pandore : si l’une d’entre elles parle, toutes commenceront à faire de même. Et c’est ainsi que l’on va commencer à se rendre compte de ce qu’il se passe ici ».
Il me dit plus tard qu’il se sentait menacé, raison pour laquelle il ne sortait jamais de l’hôpital. « Je consulte et dors ici jusqu’à ce que tout cela s’estompe ».

  1. Dans la cour de l’école primaire, l’on danse pour le carnaval. Y travaille Julio Diaz, président de la communauté wichi Choway, enseignant bilingue et pasteur anglican. Son regard porte au loin. Il raconte comment il entendit, par les chaînes nationales, la – alors – présidente Cristina Fernandez de Kirchner dire qu’à Alto la Sierra on avait construit un complexe sportif. « Vous le voyez vous ? Il n’y en a pas. L’argent a été envoyé, mais il s’est perdu en chemin ». Il y a deux mois, il vit arriver le président Mauricio Macri à la municipalité de Victoria – de laquelle dépend sa communauté –. Celui-ci était accompagné du gouverneur Juan Manuel Urtubey ainsi que de la Ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, afin d’annoncer un ambitieux plan de sécurité. L’objectif : la lutte contre le narcotrafic. « Que voyez vous ? ». On ne voit que de l’absurdité : une zone de triple-frontière, et un seul policier.
  2. Dans la maison de brique molle et de foin de l’enfant, se trouvent aujourd’hui des tas de briques solides et de tôles. Ils furent déposés hier. Francisca ne sait lequel de tous les organismes de l’État se déchargea ainsi de toute culpabilité. Il fallut passer par tout ça, me dit-elle, pour qu’elle soit informée qu’elle avait droit à une aide sociale pour avoir neufs fils et une fille – celle-ci handicapée. Il fallut passer par tout ça pour qu’elle sache que sa fille souffrait d’épilepsie et qu’on lui fournisse un traitement adéquat. Il fallait la voir. L’image m’est restée en tête : une petite fille, sur une couchette, se suçant le pouce en dormant.
  3. La Cour Suprême de Salta demanda la jugement politique du juge et du procureur qui étaient en charge de l’affaire jusqu’à sa libération par les médias. De plus, elle désigna un autre procureur et ordonna la détention des criollos. Trois d’entre eux, mineurs, furent remis en liberté jusqu’au jugement. Un autre, en fuite, est recherché et les quatre autres sont en détention dans les lieux différents. Les mères, pères et frères de ces criollos sont aujourd’hui en face de moi, me racontant comment ils furent battus en prison. L’une d’entre elles m’explique que son fils était au travail ce jour là. Les autres me clamèrent que les leurs étaient à la maison. Elles en vinrent à me dire que la petite wichi seraient, en réalité, une adulte au comportement douteux. Je compris récemment pourquoi Francisca m’avait dit cela : « On peut raconter beaucoup de choses avec des mots. Ce qu’il faut, c’est voir par soi-même ». Elle me conduit ensuite jusqu’au lit de sa fille.
  4. À 2 heures du matin, alors qu’Alto la Sierra était au plus sombre, nous prîmes le bus qui nous déposa à Tartagal dans la matinée. Nous sommes à la seule pâtisserie de la seule place. Arrive alors l’avocate de la défense, des criollos, Sarah Esper, une tornade qui sourit dès lors qu’on la présente comme la filleule artistique du folklore El Chaqueño Palavecino. Elle salua d’une bise les hommes occupant la table voisine. Celui qui la félicite est conseiller. L’avocate le félicite : « vous êtes du bon côté ». Nous marchons ensuite ensemble jusqu’au tribunal. En chemin elle nous raconte qu’elle se rend là bas afin de contester et bloquer le dispositif mis en place pour le nouveau procureur. Voici son plan : réaliser une investigation sur le lieux des faits, recueillir les témoignages sur place car les transferts sont coûteux, et réaliser les prélèvements ADN sur le fœtus. Que signifie tout ça ? Tout d’abord, faire en sorte que les preuves ne puissent être récupérées ne correspond pas à une défense de personnes innocentes. Ensuite cela décrit la situation actuelle : l’avocate a utilisé les médias pour questionner la victime, semer des doutes sur son âge, son comportement sexuel et sur l’origine de sa grossesse. C’est ce qui lui valut les félicitations du conseiller. Enfin, elle anticipe ce qui est à venir : un résumé rempli de recours qui retardent l’arrivée au jugement oral. En attendant, à la maison de La Wichi violée, on reçoit des briques et des tôles
  5. Sur la table, il y a du maïs, du riz, du poulet et des brocolis. Il y a aussi cinq enfants et un bébé. Tous prononcent des mots dans trois langues différentes : castillan, anglais et wichi. Voici la famille de l’anthropologue britannique John Palmer et de la belle wichi Tojweya. On partage le déjeuner ainsi que notre voyage à Alto la Sierra. « On pourrait savoir ce qu’il s’est réellement passé ? », nous demande Palmer. « On sait déjà tous quelque chose », dis-je, sans penser à la porte que je venais d’entrouvrir. « Nous savons que cette fillette va devoir affronter les démons de toute une société ». Tpojewa se mit alors à parler wichi. John m’expliqua qu’elle souhaitait me raconter quelque chose dans sa langue afin de pouvoir mieux s’exprimer.
  6. Monologue d’une femme wichi :

«  Je souhaite te raconter l’histoire de Cordelia. Cordelia était mon amie ainsi que l’amie de tous. Elle aimait se promenait seule sur la colline. Elle aimait cela car elle ne se sentait jamais seule là bas et qu’elle avait besoin de compagnie. Elle se mettait deux doigts dans la bouche afin d’imiter le cri de l’oiseau. Nous l’écoutions toutes, et allions courir sur la colline avec elle. Un jour, des criollos arrivèrent à la communauté pour acheter des animaux. Ils restèrent plusieurs jours car les animaux étaient en liberté. Ils devaient donc les chercher et les charger dans le camion. Pendant cette période, Cordelia disparût. Alors que nous la cherchions tous, son frère la trouva. Ses mains étaient liées, de même que ses jambes, elles en position ouvertes. Ils lui avaient mis un t-shirt dans la bouche et l’avaient violée. Se mettant deux doigts dans la bouche et sifflant, elle les avaient appelés : venez me violer ».

  1. Je comprends donc.

Je comprends l’image de liberté que représente Cordelia se promenant seule, insouciante sur la colline.
Je comprends toutes les femmes qui, depuis le viol systématique de toutes ces Cordelias, ont peur de se balader seule.
Je comprends ce qu’il se passe et pourquoi.
Et c’est ainsi que cette histoire fut ramenée à ces deux doigts dans la bouche.
Vous entendez ?
La Wichi violée nous appelle.
Nous sommes toutes la petite wichi.
Traducción: Alicia Barotte

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4 años sin Cecilia Basaldúa, sin fiscal y sin respuestas

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La familia de la joven asesinada en Capilla del Monte volvió a viajar de Buenos Aires a Córdoba para reclamar que se asigne urgentemente un fiscal en la causa y que se investigue su femicidio. Hace 4 años el cuerpo de Cecilia fue encontrado luego de estar 20 días desaparecido; su familia denuncia una trama local que involucra a la última persona que la vio con vida, el ex boxeador Mario Mainardi, jamás investigado, y la complicidad de la justicia de Cruz del Eje, representada por Paula Kelm, que buscó inculpar a un perejil. Gracias a la lucha familiar se logró anular esa línea de investigación, que culminó en un juicio nulo, pero desde entonces no se retomó la instrucción; y pese a que en diciembre se anunció que un nuevo fiscal tomaría la causa, eso no sucedió, y las dilaciones siguen. Crónica de una nueva reunión con promesas y sin hechos, cuando la impunidad se hace cada vez más grande y el reclamo, también: “Verdad y justicia para Cecilia Basaldúa”.

Por Bernardina Rosini

Daniel y Susana, padre y madre de Cecilia Basaldúa ya perdieron la cuenta de las veces que han viajado desde la ciudad de Buenos Aires a Córdoba con el único objetivo de lograr justicia por su hija. Han perdido esa cuenta pero no la cantidad de días que contabiliza la impunidad: 1460, es decir, cuatro años. 

En efecto, hace cuatro años (el 25 de abril de 2020) encontraron el cuerpo de Cecilia Gisela Basaldúa en un codo del Río Calabalumba en Capilla del Monte, luego de veinte días de estar desaparecida. Cuando Daniel y Susana llegaron ayer a los Tribunales en Córdoba Capital, se los ve invadidos por la bronca y el hartazgo. Son cuatro años sin Cecilia y a la par sostienen que las líneas de investigación han sido deliberadamente manipuladas y el material probatorio  de contundencia, ignorado

La última vez que estuvieron parados sobre esa vereda fue el pasado 7 de diciembre, tras reunirse con el Fiscal General Juan Manuel Delgado. Celebraban la noticia: “Tenemos fiscal, vinimos con 3.000 firmas de apoyo pidiendo fiscal y lo tenemos. Es el Nelson Lingua y comienza el 1° de febrero, después de la feria judicial”. Cinco meses después, otra vez viajan 700 kilómetros para golpear la puerta del Palacio de Justicia pues tal designación no sucedió y la causa acumula once meses sin fiscal a cargo de la instrucción.

4 años sin Cecilia Basaldúa, sin fiscal y sin respuestas
Daniel Basaldúa y Susana Reyes, papá y mamá de Cecilia: viajaron desde Buenos Aires para mantener una reunión y reclamar justicia por su hija.

El baile del fiscal

Mientras los Basaldúa llegaban el 25 de abril nuevamente a Córdoba para pararse frente a Tribunales y exigir justicia, fueron notificados que la Fiscal General Adjunta Bettina Croppi los convocaría a una reunión. 

Antes de ingresar al edificio Daniel comparte la situación actual de la causa “Nos vienen diciendo que no designan fiscal porque falta una firma: me cuesta creerlo. No puedo hacer nada más que venir y reclamar. Hasta ahora la única justicia que logramos fue que no metan preso a un inocente”. 

Hoy le cuesta hablar; tiene un nudo en la garganta y el rostro de su hija estampado sobre el pecho. “Sólo espero que esta investigación vaya tras los verdaderos sospechosos, tras Mario Mainardi, última persona que vio a Cecilia con vida, quien tenía pertenencias de ella y las regaló; la policía y la fiscal Paula Kelm contaban con ésta y más información y nunca lo investigaron. No podemos creer que Mainardi, que dijo trabajar en Uber porque no podía acreditar ingresos, tenga más poder que Diego Concha, quien fue durante décadas Director de Defensa Civil de la provincia y sin embargo hoy está preso”. 

Daniel pasa lista de todos los uniformados que participaron del caso y que hoy se encuentran desplazados, procesados o presos por distintas causas: el común denominador es la violencia de género. 

Mientras las abogadas ingresan junto a los padres de Cecilia a la reunión, afuera les esperan periodistas, agrupaciones feministas, trabajadores de la Secretaría de Derechos Humanos y familiares víctimas de violencia institucional. Repiten el colgado de banderas, los carteles con rostros de otras víctimas, y los cantos que se recitan como mantras: “¡¡Queremos fiscal, queremos fiscal, queremos fiscal!!” y “¡¡Justicia, justicia, justicia!!”.

Al salir, Giselle Videla -una de las abogadas de la familia- comparte lo conversado en la reunión: “Para iniciar nos han pedido disculpas puesto que en noviembre nos dieron la seguridad que tendríamos fiscal apenas finalizada la feria judicial. Como hoy no hay fiscal, y están subrogando fiscales de otros territorios que toman la causa por un plazo corto de tiempo, el avance es mínimo. Nos informaron en relación a esta situación que la designación de Nelson Lingua espera la firma del gobernador, Martín Llaryora. Ahora bien, nos enteramos que será designado como Fiscal reemplazante, y no como Fiscal titular puesto que Lingua no ha rendido el concurso que lo habilita para ese cargo; debe rendirlo ahora y recién en julio- agosto podremos saber si será finalmente el fiscal titular de la causa”. 

Para que se entienda: desde que el tribunal absolviera a Lucas Bustos en julio del 2022 reconociendo su inocencia y su no vinculación al crimen, y ordenara una nueva instrucción para dar con los responsables del femicidio, la causa demoró meses en ser asignada a un fiscal. Luego recaería en el Dr Raymundo Barrera de Cruz del Eje, fiscal que, hábil con el calendario, entre feria judicial y licencias llegó a junio del 2023, mes en el que se jubiló. 

Por la presión de la familia Basaldúa, en diciembre el mismísimo Fiscal General anunció la designación del Lingua el 3 de febrero; eso no sucedió y no hay certeza de que Lingua resulte el fiscal que definitivamente dirigirá la instrucción, puesto que no cumple con los requisitos.

4 años sin Cecilia Basaldúa, sin fiscal y sin respuestas

Preguntas sin respuesta

Es mediodía y el cielo se refleja en las ventanas del edificio neoclásico de la calle Caseros; da la impresión que adentro estuviera vacío, que sólo es una fachada. “Hoy, 25 de abril se cumplen cuatro años de la aparición del cuerpo sin vida de Cecilia Gisela Basaldúa” lee Susana de la pantalla de su celular; ella también lleva una remera con el rostro sonriente de su hija. Sigue:

Cuatro años de impunidad y de violencia sistemática por parte del Poder Judicial a quienes pedimos y exigimos justicia por ella. La causa volvió a foja cero en el 2022 luego de pasar por un juicio vergonzoso.

El tiempo pasa y los asesinos de Cecilia siguen libres e impunes. No tenemos fiscal ni respuestas” y continúa “¿Cómo vamos a llegar a la verdad? ¿Qué fue lo que pasó con Cecilia? ¿Por qué tardó tanto en aparecer? ¿Dónde está Mario Mainardi? ¿Por qué la fiscal Paula Kelm ordenó tan rápidamente detener a un joven sin tener pruebas? Todas estas preguntas nos conducen una y otra vez a un círculo cerrado de impunidad entre funcionarios judiciales que se jactan en demostrar un abuso de poder constante”. 

La carta leída en la vereda, casi sobre la calle, concentra todas las preguntas que la investigación del femicidio debiera responder. 

Y la carta también cierra como se espera que cierre la investigación: “Verdad y Justicia para Cecilia Basaldúa”.

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La imagen proyectada: La Ronda en la mirada de Lina Etchesuri

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Séptima entrega del registro colaborativo de la ronda de las Madres de Plaza de Mayo, realizada por la fotógrafa de lavaca Lina Etchesuri.

Toda la producción será entregada a ambas organizaciones de Madres y al Archivo Histórico Nacional. Invitamos a quienes tengan registros de las rondas realizadas estos 40 años a que los envíen por mail a [email protected] para sumarlos a estos archivos. Esta iniciativa es totalmente autogestiva.

Ese jueves hacía 38 grados de calor pero parecían 43. El calor quemaba y picaba.

Faltaba el aire, el que había estaba caliente y la humedad pegoteaba.

El día que acompañé a la Ronda haciendo fotos para este proyecto, fui descubriendo imágenes a medida que los pasos y las sillas de ruedas daban vuelta como siempre, hace 2392 jueves.
La ronda siempre me emociona. Mucho. Las miro a las madres y veo proyectada las fotos de sus hijxs en su mirada, hacia delante, repitiendo Presente como un mantra de presencia y resistencia. Lxs veo a ellxs en imagen, mirando de frente en su juventud detenida. Veía a Elia, que ronda en silla de ruedas, con la foto de su hijo Hugo Meidan, desaparecido el 18 de febrero de 1977, hace 47 años, y pensaba si ese día hizo tanto calor, si la luz tenía esta misma inclemencia.

La imagen proyectada: La Ronda en la mirada de Lina Etchesuri

En las rondas transcurre un tiempo extraño, persistente y atemporal. Las hermanas abrazan las fotos de sus desaparecidxs, gritan sus nombres con contundencia, caminan junto a las madres, junto a nosotrxs.

Transforman el tiempo y la imagen en un futuro posible.

La imagen proyectada: La Ronda en la mirada de Lina Etchesuri

Sobre Lina

Soy Lina Etchesuri. Fotógrafa, editora y docente

Soy parte de la cooperativa Lavaca desde hace más de 12 años donde hago todo lo que me describe y más. Me hace sentir muy orgullosa y feliz.

Estudié con Filiberto Muganini en el Rojas durante los 90s. Hice la carrera de fotógrafa en la Escuela de foto y artes visuales de Avellaneda, durante el 2001 y los años siguientes. 

Me seguí formando en talleres visuales con mi querida Julieta Escardó y muchxs más.

La imagen proyectada: La Ronda en la mirada de Lina Etchesuri

Viajé haciendo fotos durante algunos años: conocí al subcomandante Marcos y le saqué una foto en la que se está riendo. Estuve en Cisjordania, Palestina, durante 3 meses, viviendo retratando la vida bajo la ocupación. 

Junto con algunas personas y amigxs fundamos MAFIA en 2012, un colectivo de fotógrafxs que sigue hasta hoy.

Coordino talleres de foto e imagen.

Soy mamá de Fermin.

Y me encanta hacer todo lo que hago.

La imagen proyectada: La Ronda en la mirada de Lina Etchesuri

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Un abrazo contra la motosierra

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Sin presupuesto actualizado (“cada 10 pesos del año pasado, hoy tenemos 2” informa el rector de la UBA) las universidades y los hospitales en “modo ahorro” deben cortar la luz, los ascensores, reducen cirugías, no tienen insumos. La imagen del Clínicas, uno de los más importantes del país: “Los pacientes se están quedando sin comida”. Hoy una gran concentración frente a ese hospital escuela simbolizó un abrazo en defensa de la salud y la educación pública, mientras el gobierno nacional juega a pelearse con las prepagas, y el de la Ciudad a subvencionar a quienes mandan a sus hijxs a colegios privados. ¿Qué pasa con lo público? ¿Cuándo comenzó el desastre? Distintas voces (directores de hospitales, rectores de universidades, trabajadorxs) relatan la realidad y los datos motosierra; la organización como única salida; y el canto “la UBA no se vende”, mientras la realidad, o los números, parecen indicar otra cosa.

Por Francisco Pandolfi

Un abrazo contra la motosierra

“Se defiende, la UBA se defiende”, fue uno de los hits / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Clarisa y Caetana acaban de salir de cursar dermatología. Clarisa tiene 24 años y lleva puesto un ambo azul marino. Caetana, de 23, uno verde oscuro. Son alumnas desde hace seis años de la Facultad de Medicina y hace tres caminan por los pasillos del Hospital de Clínicas, ya en la etapa de las prácticas. “Hace un rato terminamos una clase en la que no teníamos vendas”, dice Clarisa. Su compañera agrega: “El otro día, en un práctico, nos faltaba vaselina para curar las úlceras; sí, vaselina, probablemente el producto más básico y barato que se necesita”.

Alrededor de ellas hay una multitud, con ansias de visibilizar la gravedad de la situación.

Clarisa, Caetana y la marea contra el ajuste / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

“Estamos funcionando al 30%”, comparte Marta, médica desde hace 38 años en el Clínicas.

“Los pacientes se están quedando sin comida”, cuenta Susana, auditora. 

“Soy empleado de limpieza del hospital, monotributista, trabajo cinco días por semana, siete horas por día y mi sueldo no supera los 150 mil pesos”, confiesa Diego Ruiz.

“Ya debimos reducir las cirugías y no atender a algunos pacientes”, expresa Marcelo Melo, el director del Hospital de Clínicas.

“Estamos económicamente por debajo de un 80% sobre el presupuesto que deberíamos tener. Cada 10 pesos del año pasado, hoy tenemos 2”, precisa Ricardo Gelpi, rector de la Universidad de Buenos Aires.

Un abrazo contra la motosierra

Susana Dionisio, y la esperanza que genera el juntarse / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Tiempos de abrazos

“La biblioteca destinada a la educación universal es más poderosa que nuestro ejército”.

José de San Martín.

Al libertador de la patria se lo homenajea con su nombre en calles y avenidas; clubes deportivos, teatros y centros culturales; plazas y parques; hospitales y universidades.

Y también en un hospital-escuela: el Hospital de Clínicas José de San Martín, dependiente de la Universidad de Buenos Aires y dedicado a tres ejes clave para el desarrollo de cualquier sociedad: la asistencia, la docencia y la investigación.

Son tiempos de clases abiertas; de paros y movilizaciones; de una marcha nacional universitaria a realizarse el próximo martes 23 de abril. Son tiempos de contar en cuántos meses y en cuántos días las universidades se quedarían sin presupuesto hasta cerrar sus puertas.

Son tiempos de abrazos.

Uno de ellos se forma con un montón de brazos, este jueves por la mañana, en la puerta del Hospital de Clínicas. Médicos, docentes y no docentes, estudiantes, le brindan un espaldarazo simbólico al Hospital de Clínicas, ubicado en el límite de los barrios porteños de Recoleta y Balvanera. Sobre la Avenida Córdoba, miles de personas se reúnen en la puerta principal para reclamar por el recorte presupuestario en todas las universidades del país, y en particular de las universidades escuelas.

Hay equipo en el Hospital de Clínicas /Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Los cuerpos aplauden. Están vestidos con guardapolvo blanco; con ambos celestes y azules; con chaquetas bordós y verdes. De fondo, un telón negro enorme sirve de súplica para estos momentos. Es un ruego a la sociedad toda; y una exigencia, también, puertas adentro: “Defendamos la UBA”. Delante de la banderota se sostienen grandes letras blancas, hechas con cartulina, a mano, a pulmón, a necesidad de que el reclamo se vea un poco más. “La salud se defiende”, se lee, mientras se canta al unísono: “No se vende, la patria no se vende”. Minutos después, se cambia sólo una palabra: “No se vende, la UBA no se vende”.

Pero la realidad no parece indicar lo mismo. 

Problemas de fondos

Luego del abrazo, se rodea al hospital y en otra de las puertas de la institución, sobre la calle Paraguay, se lleva a cabo una conferencia de prensa. Marcelo Melo, el director del Hospital de Clínicas, va al hueso: “Ya tuvimos que optimizar los recursos, que son insuficientes; no podemos comprar insumos, ni hacer transferencias porque no hay licitaciones de presupuesto que avalen las compras. Mientras, tenemos un montón de pacientes internados”. Sigue: “Es muy difícil no usar la luz en un hospital; no usar los ascensores cuando los pacientes necesitan usarlo… Lo mismo pasa con la calefacción. El año pasado estábamos orgullosos de haber comprado y cambiado la caldera, y este año no sabemos si va a funcionar, porque el modo de ahorro va a estar en el gas, en la luz, en todo”.

Le cambia la cara. Se tensa, aún más. “Poner a un hospital en modo ahorro es una agresión al médico. Es muy difícil mi lugar, el tener que decirle a mis colegas si pueden atender o no a alguien. No estamos haciendo una buena medicina con estas cosas”.

Un abrazo contra la motosierra

Marcelo Melo y Ricardo Gelpi en conferencia de prensa /Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

A su lado está el rector de la UBA, Ricardo Gelpi, acompañado por el Secretario de Hacienda Matías Ruiz. Juntos, definen lo terrible: “La UBA tiene dos partes principales en las que se divide el presupuesto. Una es la salarial, que consume entre el 85% y el 90%; y después está el gasto de funcionamiento, que consume entre el 10 y el 15%”. Desmenuzan: “En lo salarial hubo un recorte en términos reales ajustado por inflación del 35%, lo que significa que si en noviembre un docente o un trabajador cobraba 100 pesos, hoy cobra 65”. 

Sobre los gastos para el funcionamiento: “Lo dividimos en salud y en educación. En educación este año las partidas arrancaron congeladas al presupuesto del año 2023; hubo una actualización parcial del 70% desde marzo; pero en términos interanuales eso significa un 58% de actualización, comparado con una inflación de casi un 300% interanual. Por el lado de la salud, empezamos el año sin presupuesto, ya que la partida devengada del año 2023 no había sido asignada hasta esta semana”.

Tomar la calle en defensa propia / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Peligro de cierre

¿La partida ya firmada –pero aún no depositada–, es un remedio? “No, para los hospitales universitarios será de la misma magnitud nominal del año pasado. O sea, no es una actualización, ni un incremento”. Subraya el rector: “Estas partidas no están ajustadas por inflación, lo que significa que sólo podrán estirar un tiempo esta situación, pero estamos lejos de estar conformes. Si se mantiene esa partida, podremos funcionar como venimos dos o tres meses más. Y después, así las cosas, la UBA cierra, porque si no hay plata, no hay plata”.

El Secretario de Hacienda suma un dato, que agudiza el cuadro: “El pago de la energía eléctrica en el último año se multiplicó por siete. Y si comparamos con febrero de este año, sólo los últimos dos meses, se multiplicó por cuatro”. Y ejemplifica con una cuenta que no cierra: “El crecimiento del gasto, sumado a las partidas congeladas, hace que crezca más rápido el gasto que tenemos la universidades y empeorando cada vez más el funcionamiento”. 

Un abrazo contra la motosierra

La educación, la salud y la ciencia, en juego; en venta / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

“El mal funcionamiento es de hace años”

La falta de recursos no empezó en la era Milei. Marta, médica desde hace 38 abriles, describe: “El mal funcionamiento viene de años, como consecuencia de malas administraciones anteriores. Y ahora, este recorte presupuestario es el tiro de gracia”. ¿En qué se venía mal? “De 12 quirófanos funcionan 5 y hay numerosas salas cerradas; cada vez se va achicando más la estructura, deteriorando y no hay presupuesto para mantenerlo”. 

Clarisa, alumna, añade: “El edificio tiene un montón de falencias, es muchísima la cantidad de arreglos que harían falta y esto viene desde hace años. Con este recorte, el único futuro que veo es que se caigan las paredes… Me da mucho miedo e impotencia”.

Florencia trabaja hace 10 años y el amor que siente por la entidad viene de familia: “Mi mamá trabajó ahí; mis dos hijos fueron a ese jardín; le salvaron la vida dos veces a mi mejor amiga; curaron a mi papá, a mi abuela”.

Admite que el hospital “siempre tuvo pocos recursos; siempre hubo carencia de insumos”. Profundiza: “La situación no viene bien hace mucho; las personas que deben hacer el presupuesto no valoran la calidad humana ni la cantidad de atenciones que se realizan por día. El hospital siempre tuvo lo básico, y en muchas oportunidades debimos conseguir insumos por fuera, siempre tardó en llegar el material que se necesitaba”.

Carteles, ruido, sonrisas: estrategias contra el recorte / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Orgullo nacional 

El Hospital de Clínicas es considerado uno de los hospitales más importantes de la Argentina y de América Latina. Se fundó en 1881 y allí se realizaron varios procedimientos por primera vez. Algunos hitos que nacieron entre sus paredes que hoy yacen descascaradas: la aplicación de la insulina, el cateterismo cardíaco, las residencias médicas, las punciones de riñón, las operaciones filmadas. Dice la médica y hoy auditora Susana Dionisio: “En este hospital se formaron la mayor parte de los médicos de renombre que hay en toda la medicina prepaga”. Suma otro caso testigo: “Hay que acordarse de acontecimientos como el de la AMIA, cuando sucedió el atentado este hospital recibió a la mayoría de los heridos, y fue gracias a este hospital que se salvó a muchísima gente. Entonces, podés hacer un comité de crisis, pero si al mismo tiempo desfinanciás a la educación, está muy mal. El presidente se merece un juicio político y la oposición tiene que pararse y ser una oposición real, sino perdemos la democracia”.

Marta Cora Eliseht es médica de obstetricia del hospital de Clínicas y docente de la Facultad de Medicina. “El Clínicas es fundamental, un orgullo nacional; no sólo cumple funciones asistenciales, sino también de docencia en áreas de pregrado y postgrado; esta es la sede de infinidad de carreras. Somos especialistas en obstetricia y atendemos muchos embarazos de alto riesgo, casos que no se atienden en otros lados”. 

Un abrazo contra la motosierra

Marta es médica en el Clínicas desde hace 38 años /Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

En el hospital trabajan más de 3.200 empleados y se atienden alrededor de 365 mil personas al año. En lo educacional, cursan por año cerca de 1500 alumnos. “Hay cinco cátedras y estudiamos 300 personas promedio en cada una. Este es el hospital escuela más grande del país”, explican Clarisa y Caetana, estudiantes de medicina. 

Las palabras de Sofía, que integra la comisión interna, laten: “El hospital-escuela literalmente es el corazón de la UBA, donde se retroalimenta la ciencia, la investigación, la educación, pero sobre todas las cosas la salud pública, con todo lo que conlleva ese concepto de gratuidad e inclusión. Queremos seguir brindando la atención de calidad a los y las pacientes, pero sobre todas las cosas contar con un financiamiento que nos permita que nuestra casa, como así consideramos al hospital, siga funcionando. No queremos tener el privilegio de pisar la UBA, sino el derecho de seguir en ella”.

Un abrazo contra la motosierra

Una que pedimos (casi) todxs /Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Un dolor inenarrable

El hit se vuelve a cambiar: “Universidad de los trabajadores, y al que no le gusta se jode se jode”, se vocifera con angustia y con firmeza, en un clamor popular que hiela la sangre. Las y los laburantes le dan magnitud al problema. La obstetra Marta Cora Eliseht dice: “En el sector no tenemos espéculos, vidrios para hacer papanicolaou, guantes, gasas, algodón, lo básico. Los profesionales de la salud estamos intentando conseguir donaciones de entidades privadas para suplir las faltas”. Sintetiza: “Estamos sufriendo un ataque artero a la universidad pública”.

Susana Dionisio es médica desde hace 49 años. Quince los trabajó en el Clínicas, donde ahora es auditora. “Sentimos un dolor que no se puede narrar. Los pacientes se están quedando sin comida y solidariamente se intenta ayudar entre sindicatos, médicos y administrativos, pero los insumos médicos no los podemos comprar. Ya se está cortando la luz a cierta hora, no se puede creer”. 

Un abrazo contra la motosierra

La potencia de Elsa Carrizo, la potencia de lo colectivo /Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Elsa Carrizo es delegada general de la comisión interna del Hospital de Clínicas. Tiene puesto un guardapolvo blanco, que lleva el logo de la institución. Se lee: “Fundado en 1881”. Dice: “Trabajamos con obras sociales, pero es impresionante la cantidad de gente sin obra social que viene, alcanza con ver las colas que se forman a la mañana. Ya no tenemos insumos ni para el mantenimiento, ¿con qué vamos a limpiar? Hay un combo de muchísimas necesidades en el hospital”.

“Últimamente no nos estuvieron entregando secadores”, detalla Diego Ruiz, empleado de maestranza. Cobra menos de 150 mil pesos por mes y sólo el monotributo para facturar (no está en planta permanente) le cuesta alrededor de 18 mil. “Estamos en una situación de mierda, personalmente para mí es imposible llegar a fin de mes”.

Un abrazo contra la motosierra

Diego cobra menos de $150 mil por mes. Y no es una joda / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

Tomás trabaja en el área de personal hace 5 años y es delegado de la comisión interna. “No hay paritarias y los sueldos quedan muy bajos. Tenemos poco más de 300 contratos que salen del bolsillo del hospital y son los que más corren peligro. Estamos hace un par de meses sin aumento y no hay respuesta del gobierno ni comunicación. Estamos estancados, no da para más”.

Carolina Nadal es empleada desde hace 30 años. Hoy es la jefa del departamento de Trabajo Social. “El presupuesto que se está ejecutando es el del año pasado y esto es inviable en términos de sostenimiento, de todo lo que se necesita para que funcione el hospital de manera integral. El gobierno va a tener que responder de una manera diferente a la que está respondiendo ahora. Siento mucha bronca e indignación, pero al mismo tiempo tengo la esperanza de que en las calles, con la resistencia, haya otro desenlace que no sea cerrar las puertas”.

“Cuando la patria está en peligro, todo está permitido, excepto no defenderla”.

José de San Martín.

Clases abiertas, presupuestos cerrados / Fotos: Lina Etchesuri para Lavaca

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