Nota
Tout et rien
Traducción al francés de Todo y nada, nota de tapa de la MU 101. Sur un territoire où se rencontrent trois frontières, on ne trouvent, sans être enregistrés, qu’un seul policier et un seul médecin. Sur décision de la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme (CIDH), l’État Argentin dû reconnaître la propriété commune des terres wichis et criollos. Abandonnés et forcés à vivre sans rien, on entendit parler d’eux lorsque huit criollos furent accusés d’avoir violé une fille wichi handicapée. Pour la première fois, ils font entendre leur voix.
- Ici, se trouve la fin de tout. Nous sommes à la frontière nord, à la limite de l’imagination. Pourtant, c’est une pure réalité. La dernière route se trouve à 65 kilomètres et le bus oscille au rythme de la terre aride, croise de maigres lits de rivières et passe au milieu de bœufs affamés. Cette traversée dure six heures et son prix, élevé, en empêche l’accès à plus d’un. En conséquent le bus est quasiment vide, bien qu’il se dirige vers un village de 4500 habitants, toujours argentins. Je ne sais pas si c’est un voyage vers le passé ou le futur, mais c’est ainsi qu’est le présent : avec des traces des deux de toute part, en attirant même notre confusion.
Nous arrivons.
Nous sommes au Paraje Alto de la Sierra, triple frontière internationale et provinciale, village où une petite fille wichi, handicapée, fut violée par huit criollos.
Ce n’est pas uniquement cette histoire que je vais raconter.
C’est quelque chose de pire.
Je vais raconter l’histoire de tout ce qui peut se voir dans cette zone atroce.
- Tout d’abord, voyons où nous sommes. L’anthropologue John Palmer règle le GPS pour arriver à Alto la Sierra. Nous sommes à Tartagal, à 350 kilomètres de notre destination et à la seule table occupée du seul restaurant ouvert. Palmer nettoie de sa main la naRomerrelée rouge et blanc. Ce dernier décrit l’histoire de cet endroit comme vide. Dans les années 1910, arril’Églisees premiers pasteurs anglicans, anglais comme lui. Ils arrivèrent avec un Bible traduite en wichi. La relation entre les deux peuples fut intense – en 1975, l’Église anglicane nomma le premier évêque wichi – mais courte : elle prit fin en 1982 avec la guerre des Malouines. Les prêtres furent menacés par un certain Commandant, Antonio Rivero. En conséquent, environ 60 britanniques s’échapèrent en Bolivie en passant par cette frontière. Quand ils purent revenir, ils se retrouvèrent face à une communauté qui avait maintenu sa foi et son institution. Aujourd’hui, les caciques se disent toujours anglicans. En réalité, qu’est-ce que nous explique Palmer ? Premièrement, que nous nous dirigeons vers le dernier endroit d’Argentine apprivoisé par l’Occident. Ce n’est pas rien. Ensuite, qu’il s’agit d’une communauté qui embrassa une croyance « civilisatrice », plus respectueuse envers la diversité que la religion catholique.
- Vingt ans de batailles physiques et juridiques – y compris une condamnation de l’État Argentin par la CIDH – qui se terminèrent par un acte signé à deux reprises. Il fut signé une première fois, le 17 octobre 2007, par le gouverneur de l’époque Juan Carlos Romero, le conseiller des caciques de l’organisation wichi Lhaka Honhat, l’Organisation des Familles Criolles, l’Eglise anglicane de l’Argentine du Nord et l’OIT. Cet acte fut signé une seconde fois en janvier 2014 par l’actuel gouverneur Juan Manuel Urtubey ainsi que l’ancienne ministre Alicia Kirchner. Ainsi, la province de Salta déclara formellement 450 milles hectares propriété communautaire du peuple wichi habitant à Alto de Sierra. D’autres 253 milles hectares furent cédés aux criollos vivant là bas. Chaque territoire fut ainsi délimité. Cependant, la communauté doit établir quels wichis et criollos se localisent dans chaque zone. Qu’est ce que cela signifie ? Nous allons voir.
- Le 28 novembre dernier, une fille wichi fut violée par huit hommes criollos. L’affaire parut six mois après, lorsque la fille dut être soumise à une césarienne d’urgence en raison de l’acéphalie de son bébé. Le peu de passagers se trouvant dans le bus savent que nous sommes ici pour ça. Il n’est pas facile de distinguer les wichis des criollos.
Je demande à la femme à côté de moi comment arriver à la maison de l’évêque Asencio Pérez, porte d’entrée sur la communauté selon Palmer. « C’est elle la fille – signale la personne sur le siège d’en face –. Et moi je suis la mère de l’un des détenus ».
- Voici à quoi ressemble la terre où l’identité d’une enfant fut transformée jusqu’à aujourd’hui être considérée comme « La Wichi violée ». Pour arriver à la communauté, nous devons longer un étang. La frontière est marquée par l’hôpital et l’école. L’évêque Asencio vit au cœur du hameau. Il est malade. Ce jour là, il fut l’un des premiers à arriver. « Il était 9 heures du matin tout au plus. La jeune fille avait faim et s’en alla sur la colline manger les fruits du quebracho – arbre originaire d’Amérique du Sud. Deux autres filles, qui partirent acheter du pain, virent les criollos l’attraper. Ils les poursuivirent aussi, en vain. Lorsque la communauté l’apprit, nous fûmes tous ensemble à l’hôpital où nous vîmes les deux filles crier qu’elles les avaient vus. Ils avait bandé les yeux et la bouche de la pauvre enfant. Elle criait « I-ton-no, i-ton-no », traduit « ils m’ont traînée ».
L’anthropologue Palmer, témoin de la déclaration que la Wichi Violée fit quelques mois plus tard aux tribunaux de Tartagal, l’écouta répéter la même chose. Encore et encore. Ce fut la seule chose qu’elle dit.
- Monologue de l’évêque :
« J’aimerais que vous, premièrement, compreniez quelque chose : l’appel est toujours juste et nécessaire, toujours. Pourquoi ? Tout le monde sait que nous avons été exterminés, qu’on nous a tout pris. On est devenu sans papiers. Aujourd’hui, nous avons des papiers, nous sommes Argentins. Il y a des règles dans l’État Argentin et c’est pour cela que nous revendiquons les droits que nous avons mais que l’on ne nous donne pas. Par exemple, lors du cas de la petite fille violée, la justice ne fit pas son travail. Pourquoi ? Car elle fait partie du peuple indigène. Juste pour ça. Et c’est pour cela que nous faisons appel. À la justice et au monde. Il faut en finir. Ils jouent avec nous. Le tribunal s’est demandé s’il y avait eu viol. Comment peuvent-ils poser cette question ? Je suis évêque et je témoigne. J’ai parlé avec d’autres témoins qui m’ont dit l’avoir vu. Seulement, la justice n’a pas fait appel à ces témoignages. Pourquoi ? Car lorsque la nouvelle est sortie, ils l’expédièrent. Certains témoins sont mineurs et tous ne purent être entendus car ils ne parlent pas la même langue. Je me suis présenté pour les traduire, mais ma proposition fut refusée. Pourquoi ? Les filles ont témoigné. Cependant, ne parlant pas beaucoup de castillan et entourées par les forces de l’ordre, elles prirent peur. Les gens ont très peur de la police. Il faut que la justice l’entende, et qu’elle le comprenne. Avec cette agression sexuelle, nous réclamons justice. Le député Ramon Villa, après que nous l’y ayons poussé, présenta la situation. Vinrent également jusque ici les députés de la Commission des Droits de l’Homme. Nous réclamons la reconnaissance du viol mais également de toutes les autres injustices. Nous leur avons fait remarquer que lorsqu’un candidat politique fait campagne, il parle des droits à l’éducation, à la santé et à la sécurité. Mais où sont-ils ? Où est la sécurité ? La police ici ne comporte qu’un seul policier. Il n’a même pas de téléphone. Aujourd’hui avec cette histoire, ils nous ont fourni un téléphone. Mais nous en avions toujours demandé un sans jamais avoir eu de réponse positive. Une agression sexuelle et on en a un de suite. Pourquoi ? Car ils ont honte. Ils ont honte car cette histoire a été publiée par la presse. Et voilà l’injustice que nous vivons. La santé ? L’hôpital n’a qu’un seul médecin. Ce n’est pas possible. C’est un frère de Bolivie. Et comme vous le savez bien, un bolivien subit les mêmes discriminations que nous. Voici ce qu’il se passe. Regardez la communauté : nous avons l’électricité, un collège, un hôpital. Tout ça s’est gagné en se battant, tout ça est venu de nous même. Depuis des grèves de la faim sur la place de Salta, des recours à Buenos Aires et devant des juridictions internationales, en passant par les rejets, en refusant qu’ils nous divisent, nous sommes passés par tout ça. Nous ne faisons pas de discrimination. Nous sommes tous égaux ! Nous sommes des êtres humains. On peut très bien s’entendre en tant que tels. Cela est juste et nécessaire ».
- L’hôpital est constitué d’un spécialiste en nutrition et d’un médecin – Juan Carlos Limache Mamani – qui fait tout. Littéralement tout.
C’est son premier travail mais il n’a pas été enregistré.
C’est le premier que l’on appelle, il n’arrête pas.
Il a déjà fait trois déclarations pour attester de la violation de la fille. Le discréditer est une clé pour la défense des criollos, qui en use bien. Aujourd’hui, il aurait dû se présenter à nouveau devant les tribunaux de Tartagal, mais l’unique véhicule disponible, l’ambulance, ne fonctionne pas.
Le docteur Limache raconte qu’il fut accepté à l’université de Chuquisaca, que sa cousine suivit une spécialité à l’hôpital Garraham et que ce fut elle qui l’encouragea à se présenter pour le poste vacant à Alto la Sierra. Il a été jusque là bas pour l’obtenir. Quarante-huit heures après, il était déjà en charge tout. « La seule chose qu’ils me dirent fut : tu ne peux rien signer ». Cette restriction allait jusqu’à son contrat : il commença à travailler en septembre dernier sans papier formalisant ses responsabilités. Depuis, il travaille 16 heures par jour pour 22.500 pesos mensuels (environ 1365 euros). Il reçut son salaire de septembre en mai, lorsqu’il fut nommé « Médecin d’urgence en zone défavorable ». Les quatre autres mois ne lui ont toujours pas été payés.
- C’est ainsi que le Docteur Limache raconte le jour de l’horreur : « Quand on m’a averti qu’une petite fille gisait sur le sol, je me suis rendu sur place. Je demandai : que s’est-il passé ici ? Cette fille fut victime d’un abus sexuel. Je vis qu’elle allait mal, repliée sur elle-même, alors je l’amenai là bas. Je l’examinai et trouvai une déchirure périnéale, des aménorrhées (sang vaginal) et une douleur abdominale intense, que je ne pouvais arrêter. Je ne pouvais pas la laisser comme ça. Je lui administrai un analgésique. On m’informa alors que le médecin légal allait arriver. Je ne pus rien faire de plus. Si on ne m’avait pas dit que le médecin légal arriverait, j’aurais pu lui faire un test de grossesse, réaliser des prélèvements pour le laboratoire ainsi que des analyses. Mais tout ça m’échappa des mains ».
Le médecin légiste n’arriva jamais.
Quatre jours plus tard, à 5 heures du matin, un officier se rendit à la maison de la petite fille avec pour ordre de la transférer à Aguaray. Sa mère l’accompagna. Une fois là bas, deux médecins l’examinèrent.
Francisca, sa mère, me raconta ensuite qu’elle pouvait entendre les cris de sa fille depuis le couloir et qu’après une longue attente elle put enfin s’adresser à une doctoresse. Cette dernière lui affirma qu’il y avait eu viol. Pourtant, le médecin légiste informa le Docteur Limache du fait qu’il n’avait pu le constater. La petite fille s’était baignée, plusieurs jours avaient passé, il était devenu difficile de l’interroger. « Selon ses papiers elle a 12 ans, mais souffrant d’un retard de maturité, elle se comporte comme une enfant de 6 ans », nous expliqua le Docteur Limache.
C’est alors que les criollos, qui avaient été arrêtés pour l’agression, furent libérés avec l’obligation de se présenter chaque vendredi au poste de police d’Alto la Sierra. Il semblait que c’était tout ce que la communauté wichi pouvait espérer de la justice.
Des mois plus tard, le Docteur Limache reçut l’enfant. « Elle soufrait de gênes stomacales, sa mère craignait le pire. Nous le confirmions : elle était enceinte ». Je calculai qu’elle en était déjà à 20 semaines, ce qui était supérieur à la limite légale pour pratiquer un avortement. Nous ne pouvions plus que réaliser des contrôles de façon régulière.
Deux mois passèrent, et arriva l’inattendu : les médecins de la fondation Culture Native, créée par le chanteur folklore Jorge Rojas, arrivèrent à la communauté et s’installèrent à l’école afin de pratiquer des consultations. Jusque là, les consultations concernaient uniquement Francisca et sa fille.
Ils lui firent une échographie (le Docteur Limache disaient : « l’appareil était à l’hôpital mais je ne savais pas l’utiliser »).
Ils diagnostiquèrent un sérieux risque et ordonnèrent une césarienne d’urgence.
Ils diffusèrent tout ce que l’enfant avait supporté.
Avec la nouvelle transmise par les journaux nationaux, les choses s’accélérèrent. Un hélicoptère fut envoyé pour transférer la fille et sa mère à l’Hôpital de santé Maternelle et Infantile de Salta. Francisca raconta plus tard qu’on lui montra le fœtus mort. Il était entièrement formé, mais on pouvait voir une entaille au niveau de la bouche et de la tête.
Je répéta tout cela au Docteur Limache : la succession d’impuissance, précarité et lacunes. Je lui demandai si tout cela n’avait pas été monté de sorte à rendre impossible l’enquête concernant une plainte pour violence sexuelle. Il répondit sans le moindre doute : « Exactement. Et ici, elle n’est pas la seule dans ce cas. Il y en a d’autres. Depuis mon arrivée, je me suis occupé de soixante grossesses, dont beaucoup de petites filles et sans père. De plus si je leur demandais qui était le père, aucune ne voulait répondre. Elles ont peur. C’est une boîte de Pandore : si l’une d’entre elles parle, toutes commenceront à faire de même. Et c’est ainsi que l’on va commencer à se rendre compte de ce qu’il se passe ici ».
Il me dit plus tard qu’il se sentait menacé, raison pour laquelle il ne sortait jamais de l’hôpital. « Je consulte et dors ici jusqu’à ce que tout cela s’estompe ».
- Dans la cour de l’école primaire, l’on danse pour le carnaval. Y travaille Julio Diaz, président de la communauté wichi Choway, enseignant bilingue et pasteur anglican. Son regard porte au loin. Il raconte comment il entendit, par les chaînes nationales, la – alors – présidente Cristina Fernandez de Kirchner dire qu’à Alto la Sierra on avait construit un complexe sportif. « Vous le voyez vous ? Il n’y en a pas. L’argent a été envoyé, mais il s’est perdu en chemin ». Il y a deux mois, il vit arriver le président Mauricio Macri à la municipalité de Victoria – de laquelle dépend sa communauté –. Celui-ci était accompagné du gouverneur Juan Manuel Urtubey ainsi que de la Ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, afin d’annoncer un ambitieux plan de sécurité. L’objectif : la lutte contre le narcotrafic. « Que voyez vous ? ». On ne voit que de l’absurdité : une zone de triple-frontière, et un seul policier.
- Dans la maison de brique molle et de foin de l’enfant, se trouvent aujourd’hui des tas de briques solides et de tôles. Ils furent déposés hier. Francisca ne sait lequel de tous les organismes de l’État se déchargea ainsi de toute culpabilité. Il fallut passer par tout ça, me dit-elle, pour qu’elle soit informée qu’elle avait droit à une aide sociale pour avoir neufs fils et une fille – celle-ci handicapée. Il fallut passer par tout ça pour qu’elle sache que sa fille souffrait d’épilepsie et qu’on lui fournisse un traitement adéquat. Il fallait la voir. L’image m’est restée en tête : une petite fille, sur une couchette, se suçant le pouce en dormant.
- La Cour Suprême de Salta demanda la jugement politique du juge et du procureur qui étaient en charge de l’affaire jusqu’à sa libération par les médias. De plus, elle désigna un autre procureur et ordonna la détention des criollos. Trois d’entre eux, mineurs, furent remis en liberté jusqu’au jugement. Un autre, en fuite, est recherché et les quatre autres sont en détention dans les lieux différents. Les mères, pères et frères de ces criollos sont aujourd’hui en face de moi, me racontant comment ils furent battus en prison. L’une d’entre elles m’explique que son fils était au travail ce jour là. Les autres me clamèrent que les leurs étaient à la maison. Elles en vinrent à me dire que la petite wichi seraient, en réalité, une adulte au comportement douteux. Je compris récemment pourquoi Francisca m’avait dit cela : « On peut raconter beaucoup de choses avec des mots. Ce qu’il faut, c’est voir par soi-même ». Elle me conduit ensuite jusqu’au lit de sa fille.
- À 2 heures du matin, alors qu’Alto la Sierra était au plus sombre, nous prîmes le bus qui nous déposa à Tartagal dans la matinée. Nous sommes à la seule pâtisserie de la seule place. Arrive alors l’avocate de la défense, des criollos, Sarah Esper, une tornade qui sourit dès lors qu’on la présente comme la filleule artistique du folklore El Chaqueño Palavecino. Elle salua d’une bise les hommes occupant la table voisine. Celui qui la félicite est conseiller. L’avocate le félicite : « vous êtes du bon côté ». Nous marchons ensuite ensemble jusqu’au tribunal. En chemin elle nous raconte qu’elle se rend là bas afin de contester et bloquer le dispositif mis en place pour le nouveau procureur. Voici son plan : réaliser une investigation sur le lieux des faits, recueillir les témoignages sur place car les transferts sont coûteux, et réaliser les prélèvements ADN sur le fœtus. Que signifie tout ça ? Tout d’abord, faire en sorte que les preuves ne puissent être récupérées ne correspond pas à une défense de personnes innocentes. Ensuite cela décrit la situation actuelle : l’avocate a utilisé les médias pour questionner la victime, semer des doutes sur son âge, son comportement sexuel et sur l’origine de sa grossesse. C’est ce qui lui valut les félicitations du conseiller. Enfin, elle anticipe ce qui est à venir : un résumé rempli de recours qui retardent l’arrivée au jugement oral. En attendant, à la maison de La Wichi violée, on reçoit des briques et des tôles
- Sur la table, il y a du maïs, du riz, du poulet et des brocolis. Il y a aussi cinq enfants et un bébé. Tous prononcent des mots dans trois langues différentes : castillan, anglais et wichi. Voici la famille de l’anthropologue britannique John Palmer et de la belle wichi Tojweya. On partage le déjeuner ainsi que notre voyage à Alto la Sierra. « On pourrait savoir ce qu’il s’est réellement passé ? », nous demande Palmer. « On sait déjà tous quelque chose », dis-je, sans penser à la porte que je venais d’entrouvrir. « Nous savons que cette fillette va devoir affronter les démons de toute une société ». Tpojewa se mit alors à parler wichi. John m’expliqua qu’elle souhaitait me raconter quelque chose dans sa langue afin de pouvoir mieux s’exprimer.
- Monologue d’une femme wichi :
« Je souhaite te raconter l’histoire de Cordelia. Cordelia était mon amie ainsi que l’amie de tous. Elle aimait se promenait seule sur la colline. Elle aimait cela car elle ne se sentait jamais seule là bas et qu’elle avait besoin de compagnie. Elle se mettait deux doigts dans la bouche afin d’imiter le cri de l’oiseau. Nous l’écoutions toutes, et allions courir sur la colline avec elle. Un jour, des criollos arrivèrent à la communauté pour acheter des animaux. Ils restèrent plusieurs jours car les animaux étaient en liberté. Ils devaient donc les chercher et les charger dans le camion. Pendant cette période, Cordelia disparût. Alors que nous la cherchions tous, son frère la trouva. Ses mains étaient liées, de même que ses jambes, elles en position ouvertes. Ils lui avaient mis un t-shirt dans la bouche et l’avaient violée. Se mettant deux doigts dans la bouche et sifflant, elle les avaient appelés : venez me violer ».
- Je comprends donc.
Je comprends l’image de liberté que représente Cordelia se promenant seule, insouciante sur la colline.
Je comprends toutes les femmes qui, depuis le viol systématique de toutes ces Cordelias, ont peur de se balader seule.
Je comprends ce qu’il se passe et pourquoi.
Et c’est ainsi que cette histoire fut ramenée à ces deux doigts dans la bouche.
Vous entendez ?
La Wichi violée nous appelle.
Nous sommes toutes la petite wichi.
Traducción: Alicia Barotte
Nota
Agrotóxicos: la Corte Suprema avaló las fumigaciones que sufren 1.021 escuelas rurales en Entre Ríos
La prohibición de fumigar a menos de 1.000 metros de escuelas fue reducida a 100 metros por decreto del gobernador de Entre Ríos, y ahora la Corte avaló esa decisión. La apelación de vecinas y vecinos fue rechazada por sus cuatro integrantes basándose en el artículo 280 del Código Procesal Civil y Comercial, que admite el rechazo de la Corte “cuando las cuestiones planteadas resultaren insustanciales o carentes de trascendencia”. La fumigación con productos cancerígenos sobre niños y docentes quedan en ese ámbito según el fallo que será apelado esta vez ante la Corte Interamericana de Derechos Humanos. La falta de acceso a la justicia, la burla al derecho, el desamparo de las comunidades en una provincia donde reinan el lobby del agronegocio, la contaminación y el ambiente tóxico, en la voz de las y los afectados.

Por Francisco Pandolfi
El 28 de febrero pasado el máximo tribunal del país falló en contra de las 1.021 escuelas rurales de toda la provincia de Entre Ríos. Hasta el momento, tenían un resguardo de las fumigaciones de agrotóxicos a una distancia de 1.000 metros en aplicaciones terrestres y de 3.000 en aéreas. Ahora la resolución posibilita el uso de venenos a sólo 100 y 500 metros respectivamente, límites establecidos por el decreto del Poder Ejecutivo impulsado por el gobernador Gustavo Bordet, alineado con el agronegocio.
¿Qué es lo “insustancial”?
La Corte, conformada por los jueces Horacio Rosatti –presidente–, Carlos Rosenkrantz –vicepresidente–, Juan Carlos Maqueda y Ricardo Lorenzetti, se tomó desde febrero de 2020 –cuando se elevó la apelación– hasta febrero de 2023 para responder un puñado de palabras: “El recurso extraordinario, cuya denegación origina la presente queja, es inadmisible (art. 280 del Código Procesal Civil y Comercial de la Nación). Por ello, se desestima la presentación directa. Notifíquese y archívese”.
El artículo 280 aclara el porqué de la negativa al amparo presentado por el Foro Ecologista de Paraná y la Asociación Gremial del Magisterio de Entre Ríos (AGMER): “La Corte, según su sana discreción, y con la sola invocación de esta norma, podrá rechazar el recurso extraordinario, por falta de agravio federal suficiente o cuando las cuestiones planteadas resultaren insustanciales o carentes de trascendencia”.
A esta última instancia se llegó luego de varios años de denuncias, enfermedades, resistencias y muertes. Aldana Sasia es abogada especialista en lo ambiental, integrante de la Coordinadora Basta es Basta y del Foro Ecologista, y quien presentó el recurso de queja. El panorama: “Es una lucha que viene desde hace muchos años; antes del proceso judicial, desde distintas organizaciones y a través del gremio docente AGMER, se había iniciado la campaña Paren de Fumigar las Escuelas, porque había muchos casos en que se pulverizaba al lado, en horario de clase. Hubo un montón de sintomatologías en los niños y situaciones en las que tuvieron que suspender las clases. Las organizaciones nos unimos y acudimos a la Justicia en 2017, cuando presentamos el primer amparo para que se establezca una distancia de resguardo, ya que no había ninguna legislación que protegiera a las escuelas. Así obtuvimos la primera sentencia que fijó una distancia de 1.000 metros terrestres y de 3.000 aéreos, fundados a partir de estudios científicos que acompañamos en el reclamo. Ese fallo fue confirmado en todas las instancias, hasta que en enero 2018 el gobernador provincial Gustavo Bordet sacó un decreto reduciendo esas distancias a 100 y 500 metros”.
¿En qué se basó el decreto para reducir las distancias? “No se fundó en ningún estudio científico, ni en investigaciones epidemiológicas, así que pedimos su anulación y la Justicia nos dio la razón”.
En aquel momento, abril de 2019, el entonces presidente Mauricio Macri visitó la provincia y –con evidente desconocimiento de lo que decía– planteó que el fallo judicial era “una ley absurda que no se basa en ningún rigor científico”. Mezcló fallo judicial con ley, con una única intención intención obvia: favorecer el agronegocio.
Continúa la abogada: “Sin embargo, a mediados de 2019 Bordet sacó otro decreto en el que volvió a reducir las distancias, presentando investigaciones científicas que se basaban en la volatilidad de la gota, o sea, hasta dónde puede llegar, cuyos ensayos no eran con veneno sino con agua, cuando la volatilidad es otra”. (Las partículas de los agrotóxicos tienen una capacidad de dispersión mucho mayor que las del agua y su grado de permanencia en distintos sistemas es enorme, por lo que se ha llegado a detectar este tipo de venenos hasta en la Antártida, o impregnando productos comerciales como pañales y tampones en el caso del algodón).
“Esas mediciones de volatilidad para nosotros son nulas, no tienen ningún sentido porque ni siquiera las hicieron con los productos que se usan realmente para fumigar, que no es lo mismo que rociar con agua. Además, el 80% de lo que se fumiga no cae en el sembradío, sino que va para otros lados, porque depende de la temperatura ambiente, de los vientos, del producto que se aplica. Es imposible calcular hasta dónde va a llegar cada fumigación”.
Agrega Aldana Sasia: “En medio de ese proceso, el gobierno provincial sancionó una ley que modificó la composición del Superior Tribunal de Justicia, cambió la conformación de la sala que venía tratando el tema y nos fallaron en contra, confirmando el decreto 2239 del Poder Ejecutivo. Ante esa sentencia, elevamos el amparo a la Corte Suprema, que acaba de resolver que las fumigaciones a las escuelas rurales no son una cuestión trascendente. Esto deja claro que el acceso a la justicia ambiental en nuestro país no existe”.

–¿Cómo puede explicarse que la Corte se expida de esta manera, en cinco renglones y después de tres años?
–Veo dos fundamentos en esa decisión. Por un lado, que resolver sobre instancias de fumigaciones de agrotóxicos en Argentina es sumamente complejo y podría llegar a debilitar toda una matriz productiva que tiene el Estado, que es la única salida que hoy avizora para sacar adelante un país o para pagar y arreglar con el Fondo Monetario Internacional. El otro fundamento es el burocrático: la Corte está llena de causas, todo se apela a la Corte Suprema de Justicia, sus miembros no saben lo que firman porque sacan cientos de sentencias. Deben ser muchos más, es lamentable la composición del órgano máximo con sólo cuatro miembros: hoy deben resolver alrededor de una sentencia cada 30 minutos. De esta manera, el acceso a la Justicia es limitado y acotado, y la Corte Suprema se convierte sólo en una caja recaudadora, ya que para acceder a ella hay que pagar un monto considerable. Esto también influye en que la trascendencia que tienen este tipo de causas no sean valoradas del modo que amerita.
¿Docentes centinelas?
El decreto 2239 que rige en toda la provincia de Entre Ríos, además de achicar las distancias de resguardo, creó un órgano de control de las fumigaciones con el nombre de “Unidad de Centinela”, integrado por un ingeniero agrónomo y por cada director de la escuela rural fumigada.
Estela Lemes es desde hace 23 años la directora de la escuela rural N° 66 Bartolito Mitre, de la localidad de Costa Uruguay Sur, departamento de Gualeguaychú. Tiene 58 años y se presenta como maestra rural, no como directora. Por la exposición a los agrotóxicos, se le detectó glifosato en el cuerpo, una atrofia muscular y un deterioro neuronal «que no tiene vuelta atrás», le dice a lavaca desde una de las aulas “rodeada de campo”.
¿Los obligan a cumplir la función de centinela? “Cuando a los directores nos llamaron para adoctrinarnos acerca de eso, yo les dije que no pensaba participar. Es una locura por donde se lo vea. Le hacemos el trabajo a quienes nos fumigan, analizando si están bien tomadas las medidas desde dónde se va a fumigar, como si los docentes no tuviéramos trabajo; nos quieren agregar más y encima ese. Lo rechazo y lo repudio; un trabajo gratis y nefasto, mientras ellos nos siguen envenenando”.
Estela habla con dulzura que más allá de la angustia que le genera el tema del que habla: “Yo pensé que iba a salir favorable la sentencia, porque quién puede querer que fumiguen a los gurises en una escuela. Si vos les preguntás a la gente común, nadie quiere eso, no hay licencia social, pero hay un trasfondo: por culpa de muchos años de malas políticas económicas, hoy se depende de un modelo productivo que tira veneno sobre los gurises. No les importa que sus plantaciones están rodeando las escuelas rurales. Hay mucho dinero en juego para el lobby y hay una estructura judicial a favor de que fumiguen con veneno, sino no hay manera de que hayan fallado en contra”.
Hace una pausa, y suma: “Encima tardaron tres años para escribir cinco renglones y con tanta liviandad nos dicen que nuestro reclamo no tiene trascendencia. Tengo mucha bronca, indignación, vulneran los derechos de mis gurises y del ambiente. Es muy doloroso; no me había pronunciado hasta ahora porque termino llorando y no me hace bien”.
–En lo cotidiano, ¿qué significa que puedan fumigar a 100 metros de las escuelas?
–Nuestra escuela está rodeada de campos; el alambrado está pegado a uno donde, gracias a la lucha que dimos desde hace cuatro años, ahora se dedican a la ganadería porque no querían que los siguiéramos denunciando. Pero hay campos muy cercanos que sí siembran y fumigan. Para que se entienda: que tiren venenos a cien metros es como que vos estás en tu casa y te fumiguen en tu patio o en tu vereda, porque la deriva llega a kilómetros. Este fallo de la Corte les abrió la tranquera a estos señores para que apliquen cuando quieran. De hecho, hace unos pocos días lo hicieron en una escuela de Gualeguay, sin receta y en horario de clase, lo que no está permitido. La decisión del tribunal minimiza el problema y así van a aparecer más casos… muchos más casos.
La Corte y el lobby sojero
En Gualeguay vive Ramón Velázquez, docente de primaria desde hace 15 años, referente del Foro Ambiental, coordinador del proyecto de forestación Gualeguay Te Quiero Verde e integrante del colectivo Humedales en Red. Es maestro de la escuela Nº 3 “Marcos Sastre”, tiene 45 años y mucho por decir: “El fallo de la Corte es la cara del lobby sojero, del agronegocio; después de tanto tiempo esperábamos otra resolución. Tanto la Corte Suprema de Justicia como el gobierno provincial tienen responsabilidades directas con este modelo agroexportador perverso y dañino, que deja fumigar a la gurisada”.
La pulverización sin receta agronómica y en horario de clases se llevó a cabo el pasado 9 de marzo en la Escuela Nº 51 “Sofía Clotilde Fernández”. Explica Ramón: “De la escuela no quieren hablar, porque sucede que los mismos peones mandan a sus hijos a estudiar; es algo muy complejo y nos pasa siempre. Hace tiempo, junto a Estela Lemes fuimos a dar una charla a una escuela y nos esperaba una patota sojera. Había montones de padres de los gurises, gente de la Sociedad Rural, de algunas federaciones, todas dependientes de este modelo. Cuando terminamos de hablar tuvimos algunos altercados. Podrán argumentar lo que quieran, pero me pregunto, ¿se necesitan más pruebas que el veneno encontrado en el cuerpo de Estela? Hace poquito se encontraron agrotóxicos en la cuenca del Río Uruguay, uno de los más importantes de la provincia; tenemos el veneno en el agua, en el suelo, en el aire y en tantos cuerpos por lo que ingerimos permanentemente”.

El Derecho, analizado a los 12 años
Hay muchas coincidencias en lo que denuncian Estela y Ramón. En el fondo del problema, en las formas del problema, y también en donde hacen foco principal: la niñez; las y los gurises.
Constantino tiene 12 años y es nieto de Estela. Vive en la ruralidad, en el municipio de Costa Uruguay Sur. Nació con problemas respiratorios porque su mamá, en el embarazo, estuvo expuesta a los pesticidas. Tiene pelo largo, sonrisa ancha y una timidez que no le impide contarle a lavaca sobre sus convicciones, deseos y sueños de un futuro distinto: “Es importante resguardar la salud del ambiente y de los niños y maestros de escuelas rurales. Es un derecho que tenemos y que no debe ser vulnerado”.
Habla con firmeza : “Es necesario el cuidado del ambiente porque es nuestra casa común y si seguimos permitiendo su destrucción no habrá nada que dejarle a los niños del futuro. Mi abuela me contó lo que decidió la Corte Suprema y no me gustó; no quiero que fumiguen más niños y niñas de las escuelas rurales”.
El año pasado, Constantino junto a dos compañeros fueron los únicos representantes de la provincia en la Consulta Regional del Comité de los Derechos del Niño de la ONU, sobre el cambio climático y sus consecuencias. “Participé con dos amigos, Bauti y Candy. Fue una linda experiencia donde nos expresamos sobre el tema; estuvo genial, porque había niños y niñas de toda América Latina y del Caribe. Además. En esa visita a Buenos Aires también hicimos la ronda con las Madres de Plaza de Mayo”.
Lorenzetti y Bordet no responden
En el Hospital Garrahan, reconocido centro pediátrico de la Ciudad de Buenos Aires donde llegan a atenderse infancias de todo el país, trabaja Mercedes “Mechi” Méndez, enfermera comprometida desde hace más de una década en la denuncia de los efectos de los agrotóxicos. No habla representando a la institución, con la cual lleva adelante una lucha interna por la negación de la problemática concreta, por no tener una historia clínica ambiental, por no contar con un laboratorio para pesquisar los tóxicos que las niñeces llevan en sus cuerpos.
Habla desde su labor, en el sector de Cuidados Paliativos. Lo que la moviliza es no no ver morir a más infancias de los pueblos fumigados: “El día que salió el fallo de la Corte justo estaba en Paraná, acompañando ‘La ronda de los martes’ (actividad que desde el 2017 organiza la Coordinadora Basta es Basta, rodeando la casa de Gobierno de Entre Ríos para exigir el fin de las fumigaciones).
La de la Corte es una decisión inexplicable, totalmente perversa que da una libertad absoluta para continuar envenenando. Tuve la posibilidad de visitar escuelas rurales, alumnos, y de escuchar sus relatos, de ver sus dibujos sobre el tema. Me acuerdo de uno en que una nena sangraba con los ojos hinchados; otro en que los animales vomitaban. A los niños no sólo los fumigan en la escuela, también mientras van o vuelven de las clases. Es un modelo de exterminio”.
Para acompañar la apelación de las organizaciones ambientales, la Defensoría de las Niñas, Niños y Adolescentes de la Nación también hizo una presentación a la Corte Suprema exigiendo su resguardo.
“Tampoco les importó ese pedido. Ni que en la causa nosotros presentamos estudios sobre la composición del agua, el aire, la tierra, que daba cuenta de la presencia de sustancias peligrosas, así como en la sangre de muchos niños”, afirma la abogada Aldana Sasia. “La Corte dejó mucho que desear. El juez Ricardo Lorenzetti en sus conferencias, en sus libros, habla de la importancia del cuidado del ambiente, pero borra con el codo lo que escribe con la mano. Nada de lo que viene diciendo en tantos papeles escritos se está aplicando”.
Tanto el pedido de entrevista a la vocera de Lorenzetti, como al propio gobernador Bordet, no fueron respondidos a lavaca, actitud recurrente y antidemocrática de los funcionarios implicados en estos temas.
Denuncia en la CIDH
¿Cómo se sigue, tras la sentencia del máximo tribunal nacional?
Aldana: “Por un lado, queda acudir a la Corte Interamericana de Derechos Humanos para proteger a los más vulnerables, que son los niños y niñas que van a la escuela. Por el otro, interponer un amparo porque el decreto del Poder Ejecutivo no se cumple: los monitoreos de las fumigaciones se iban a hacer a través de GPS en cada una de las máquinas fumigadoras, toda una proyección tecnológica que no se hizo a la fecha. También prometieron la forestación de barreras arbóreas y no lo cumplieron”.
Estela: “Tenemos que ir a diferentes instancias judiciales para seguir explicando que no deben tirar veneno. Que debamos insistir en esto, habla de la insensatez que vivimos como pueblo. Sin embargo, estoy convencida de que no debemos abandonar la lucha por las presentes y las generaciones que vienen. Vivir en el campo es un privilegio, mientras no te fumiguen”.
Ramón: “Este fallo de la Corte Suprema no nos va a hacer bajar los brazos. Vamos a seguir trabajando, generando encuentros, conversaciones, acompañándonos, con escucha, con abrazos, con amor por el otro. Todo eso que no está en el modelo agrotóxico”.

Nota
Mía: Cuando el arte abraza

Mía es una obra de teatro que podríamos encuadrar dentro del biodrama o autoficción. Y es mucho más: es grito, es abrazo y, también es un espejo. La actriz y médica psquiatra Mercedes Bertuzzi expone en escena su propia historia: una situación de violencia machista que sufrió por parte de una ex pareja. Este sábado 18 de marzo y en el marco del 8M, esta obra testimonial se presenta en MU Trinchera Boutique a las 21 hs, entradas a la gorra.
“Los primeros años, luego de salir, fueron de mucha confusión, angustia y mucha bronca. Escribir me permitía depositar esas emociones en el texto. El primer objetivo fue descargar. Siempre estuvo el deseo de poder denunciar a través de ese texto que iba escribiendo, pero no estaba segura de si iba a encontrarle la forma. En el proceso empecé a entrenar con Marina Otero, ella hace autoficción, y ahí algo se destrabó, la vi, vi la obra”, cuenta Mercedes. Al terminar de escribir el texto, tomó conciencia de que no era exclusivamente autorreferencial sino que involucraba la historia de muchas otras. Así tomó coraje para llevarla a la escena. “En cada función se me acercan decenas de mujeres emocionadas a abrazarme diciéndome ‘somos muchas’. Todas pasaron por una situación de violencia o acompañaron a otra mujer que la pasó. Siempre termino la función con ganas de gritar cada vez más fuerte el texto de esta obra. Siento que estoy entregando mi historia al colectivo y eso hace que ya no me pese, ya no lucho contra ella. Cada mujer que se identifica con la historia se la apropia un poquito y le va dando más cuerpo al personaje de Mía”.
Con sus herramientas artísticas, Mercedes logró una obra poética, sin golpes bajos, con ironía y momentos muy divertidos.
En una escena, dos niñas juegan a ser actrices, prueban vestuario y declaman en nombre del amor. Las palabras son extraídas de las típicas canciones románticas de cantantes famosos, las que hemos aprendido y cantado a lo largo de los años. “Para quienes fueron víctimas, no es fácil hablar. La violencia nos deja mudas, vacías, solas, no hay palabras que alcancen para explicar. El arte nos habilita un lenguaje a través del cual poder decir lo indecible, nos devuelve la voz, en la forma que cada una elija expresarse. Y para quienes son público, adentrarse a la temática desde una propuesta artística creo que les permite hacerlo sin tantas resistencias. Te permite escuchar con otra disponibilidad. El relato atravesado por la dramaturgia, la música, los cuerpos. Mantiene su fuerza y su crudeza, pero es amortiguado de ternura, poesía, risa. Y eso permite que hablemos de violencia con personas que quizás no se acercarían de otras formas”.

Cada vez que Mía fue presentada en distintos teatros —Mercedes quiere que la obra circule y abra a la reflexión— los comentarios de personas del publico se multiplican: “Presencié ese mismo diálogo”, “sentí exactamente eso”, “estuve en pareja con un tipo igual”. No solo es reparador para ella sino para muchas. “Romper el silencio es imprescindible. Me sigue sorprendiendo la cantidad de mujeres que se acercan después de la función a abrazarme emocionadas por haber ‘contado su historia’, estuvieron ahí mismo o acompañaron a otra. De todas las edades, todas las clases sociales. Es escalofriante, es triste. Pero es también esperanzador encontrarnos. Ya no nos estamos quedando calladas, estamos denunciando y estamos convencidas de cambiar esa realidad. El haber sido víctima de violencia ya no queda solo como una herida que duele y mejor callar y olvidar. Hoy somos víctimas enojadas, creativas y sobre todo, en red. Compartir Mía me abrió los ojos a eso… Es mi historia, es la de muchas otras y, por suerte, es parte de la historia que estamos modificando”.
MU Trinchera Boutique, Riobamba 143
Sábado 18 de marzo a las 21 hs
Actúan: Mercedes Bertuzzi, Juliana Gotta, Gonzalo Pungitore, María Tibi
Entradas “a la olla”.
Podés reservar en este link:
Nota
Punitivismo y feminismo en el caso de Lucía Pérez: una mirada sobre esa falsa dicotomía

La abogada trans Cristina Montserrat Hendrickse analiza por qué es falsa la dicotomía que pretenden instalar sectores que siempre trabajan para categorizar las divisiones del movimiento feminista. Así crean grietas sociales que les permiten alentar congresos, investigaciones y polémicas de las cuales viven.
Por Cristina Montserrat Hendrickse
Una corriente muy minoritaria de los feminismos entiende que reclamar la sanción penal del femicidio es una actitud punitivista.
Llegan a tal conclusión partiendo del concepto de que el castigo refuerza la violencia.
Evidentemente la idea de la que se parte es correcta, pero el error de la conclusión reside en asociar pena a castigo. En no distinguir la finalidad de la pena que impone nuestro Derecho de la triste realidad de castigo que significa la ejecución efectiva de las penas privativas de libertad.
Los feminismos en nuestro país se encuentran justificados jurídicamente en la Convención Contra Todas las Formas de Discriminación contra la Mujer (CEDAW, por sus siglas en inglés) incorporada a nuestra Constitución en 1994; la Convención Interamericana para Prevenir, Sancionar y Erradicar la Violencia contra La Mujer (Convención de Belem do Pará) que es un tratado internacional de jerarquía superior a las leyes; y las leyes nacionales y provinciales que reglamentan a estos tratados.
Nótese que la convención de Belem do Pará obliga a los Estados a “sancionar” la violencia de género, además de prevenirla y erradicarla. El marco jurídico “sancionatorio” por excelencia es el Derecho Penal.
De allí que en nuestro sistema de derecho pretender eludir o abolir la punición de la violencia de género resulta jurídicamente anticonvencional, y por tanto anticonstitucional.
No por ello se deja de valorar el aporte del antipunitivismo feminista en cuanto sostiene que el castigo refuerza la violencia. Pero el problema del antipunitivismo reside en cuestionar al sistema (de origen convencional interamericano) de sanción de la violencia de género, y no al sistema de castigo que en los hechos (y apartándose del Derecho) sucede con la aplicación de la pena.
En efecto, la finalidad esencial de las penas privativas de la libertad es la reforma y la readaptación social de los condenados (art. 5.6. de la Convención Americana sobre Derechos Humanos, también incorporada a nuestra Constitución en 1994), sin olvidar el mandato de que “…Las cárceles de la Nación serán sanas y limpias, para seguridad y no para castigo de los reos detenidos en ellas…” (artículo 18 de la Constitución Nacional). De ambas reglas de jerarquía superior surge que la finalidad jurídica de las penas no es el castigo, como erradamente lo entiende cierta expresión del feminismo antipunitivista, sino la resocialización.
De allí que se impone una diferenciación entre “antipunitivismo” y “abolicionismo” que permita distinguir: si se pretende que la pena no se constituya en castigo sino como resocialización (antipunitivismo); o si se pretende abolir todo tipo de pena (abolicionismo penal).
La primera debería hacer foco en una reforma penitenciaria feminista, que lejos de reforzar el patriarcado lo deconstruya, no aboliendo las penas, sino modificando su ejecución a la finalidad que el impone el Derecho.
La segunda implicaría la abolición de todas las prisiones; y además, el desafío de construir respuestas ante los crímenes o lo que cada sociedad considera crímenes.
Evidentemente el castigo refuerza la violencia. Por lo que el mismo debe ser eliminado del sistema de ejecución penal, pero no el sistema de sanción; salvo que se sostenga el abolicionismo, teoría también respetable, pero que resulta anticonstitucional en nuestro sistema de Derecho, al menos en materia de violencia de género ya que la República Argentina se obligó ante la comunidad interamericana a sancionarla.
Toda decisión que se aparte de ese compromiso violentaría el sistema jurídico argentino y comprometería a nuestra Nación frente a la Comunidad Interamericana exponiéndonos a ser destinatarios de reclamos, cuando no de sentencias condenatorias, ante el sistema interamericano de Derechos Humanos.
En resumen: debatamos sobre las cárceles, no sobre las penas.
Cristina Montserrat Hendrickse
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